lundi 17 octobre 2011

Si c'est un homme de Primo Levi








Auteur: Primo Levi

Biographie: Primo Levi était un chimiste et écrivain italien, né à Turin en 1919. Il s’est engagé dans la résistance italienne durant la seconde guerre mondiale avant d’être arrêté en décembre 1943 et d’être envoyé dans le camp d’internement de Fossoli. De là, il a été déporté en janvier 1944 à Auschwitz-Monowitz. Il est mort en 1987.

Bibliographie:

  • 1947 : Se questo è un uomo (Si c’est un homme)
  • 1963 : La tregua (La trêve)
  • 1966 : Storie naturali (Histoires naturelles)
  • 1971 : Vizio di forma (Vice de forme)
  • 1975 : Il sistema periodico (Le système périodique)
  • 1978 : Lilìt e altri racconti (Lilith)
  • 1978 : La chiave a stella (La clé à molette)
  • 1981 : La ricerca delle radici (La recherche des racines)
  • 1984 : Se non ora, quando ? (Maintenant ou jamais)
  • 1986 : I sommersi e i salvati (Les naufragés et les rescapés)

Titre: Si c’est un homme (Se questo è un uomo)

Maison d'édition et date de publication: Julliard, 1987
Einaudi, 2005

Résumé: (issu du site evene) 'Si c'est un homme' est un récit autobiographique. Libéré d'Auschwitz, Primo Levi témoigne. Il décrit la peur, l'instinct de survie, la mort et l'humiliation qu'ont vécus les déportés. Il fait partie d'un convoi de six cent cinquante Juifs, mais seulement quatre-vingt-seize hommes et vingt-neuf femmes sont épargnés. Les autres, déclarés invalides, sont immédiatement gazés. Ils luttent tous contre la déshumanisation dont ils sont les victimes : on leur retire leur nom, ils sont tatoués comme du vulgaire bétail. Malgré tout, l'auteur parvient à se faire quelques amis : Lorenzo, un ouvrier, mais surtout Alberto, son meilleur ami... Vivre, non. Simplement survivre.

Avis:
A l’origine, j’ai découvert ce texte dans sa traduction française, à l’âge de quatorze ans. Je l’ai relu en italien, dans sa totalité (et non simplement des extraits) bien des années plus tard. C’est là une œuvre qui, dès la première lecture, m’a profondément marquée et sans doute contribué à construire ma vision de la Shoah. C’est à mon sens un texte d’une grande force, provoquant chez le lecteur un sentiment d’horreur. Je pense qu’il parvient également, aussi surprenant que cela puisse être, à faire concevoir l’inconcevable : la destruction d’un peuple à travers sa déshumanisation.
« On est volontiers persuadé d’avoir lu beaucoup de choses à propos de l’holocauste, on est convaincu d’en savoir au moins autant. Et, convenons-en avec une sincérité égale au sentiment de la honte, quelquefois, devant l’accumulation, on a envie de crier grâce.
C’est que l’on n’a pas encore entendu Levi analyser la nature complexe de l’état du malheur.
Peu l’ont prouvé aussi bien que Levi, qui a l’air de nous retenir par les basques au bord du menaçant oubli : si la littérature n’est pas écrite pour rappeler les morts aux vivants, elle n’est que futilité. »

Ce sont là les paroles d’Angelo Rinaldi à propos de ce témoignage de Primo Levi. Ce sentiment d’avoir lu beaucoup de choses à propos de la Shoah, il m’a fallu justement lire Si c’est un homme pour l’avoir. Et il a également fallu que je lise ce texte pour que je me penche sur les livres et articles d’histoire portant sur le sujet. C'est d'ailleurs au texte de Primo Levi, que je dois en grande partie, je pense, d'avoir construit ma vision des camps de concentration et de la Shoah également.
Un témoignage… C’est là effectivement la nature de ce texte. Mais, pour Primo Levi, cela avait un sens particulier : « il doit être témoin au plein sens du terme ‘‘une personne pouvant attester d’un fait, en vertu d’une connaissance directe’’), il ne doit donc parler que de ce qu’il a vu et vécu, sans concession aucune pour ce qu’il a entendu dire ou appris de ses camarades » (Le devoir de mémoire). Ce qui a déterminé sa manière d’écrire ce texte. Par ailleurs, Primo Levi ne juge jamais – ou très rarement - de manière explicite les personnes évoquées. Par contre, il soulève des questions, amenant ainsi le lecteur à jouer ce rôle de juge qu’il se refusait à remplir à travers ce texte.
Par contre, si Si c’est un homme est un témoignage, c’est aussi une analyse : l’analyse de la vie dans les camps de concentration, de leur fonctionnement, du comportement des personnes s’y trouvant, déportés comme S.S.
Il s’agit là d’ailleurs d’un texte, y compris en italien, au lexique et à la syntaxe clairs où les émotions sont peu présentes, voire absentes. Ce qui permet à l’auteur de prendre une certaine distance par rapport au sujet qu’il aborde. Et c’est notamment là, à mon sens, que réside la force de ce texte.
(En l'occurrence, c'est "très vive recommandation", simplement parce que je considère que le verbe "aimer" ne peut s'appliquer à cette lecture)

Place au texte de Primo Levi :

  • « Voi che vivete sicuri
    Nelle vostre tiepide case,
    Voi che trovate tornando a sera
    Il cibo caldo e visi amici :
    Considerate se questo è un uomo
    Che lavora nel fango
    Che lotta per mezzo pane
    Che muore per un si o per un no.
    Considerate se questo è una donna,
    Senza capelli e senza nome
    Senza più forza di ricordare
    Vuoti gli occhi e freddo il grembo
    Come una rana d’inverno.
    Meditate che questo è stato :
    Vi commando queste parole.
    Scolpitele nel vostro cuore
    Stando in casa andando per via,
    Coricandovi alzandovi;
    Ripetetele ai vostri figli.
    O vi si sfaccia la casa,
    La malattia vi impedisca,
    I vostri nati torcano il viso da voi. »


    Ce qui donne dans la traduction française :

    « Vous qui vivez en toute quiétude
    Bien au chaud dans vos maisons,
    Vous qui trouvez le soir en rentrant
    La table mise et des visages amis,
    Considérez si c’est un homme
    Que celui qui peine dans la boue,
    Qui ne connaît pas de repos,
    Qui se bat pour un quignon de pain,
    Qui meurt pour un oui pour un non.
    Considérez si c’est une femme
    Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
    Et jusqu’à la force de se souvenir,
    Les yeux vides et le sein froid
    Comme une grenouille en hiver.
    N’oubliez pas que cela fut,
    Non, ne l’oubliez pas :
    Gravez ces mots dans votre cœur.
    Pensez-y chez vous, dans la rue,
    En vous couchant, en vous levant ;
    Répétez-les à vos enfants.
    Ou que votre maison s’écroule,
    Que la maladie vous accable,
    Que vos enfants se détournent de vous. »
  •  « e non tanto per il suo aiuto materiale, quanto per avermi costantemente rammentato, con la sua presenza, con il suo modo così piano e facile di essere buono, che ancora esisteva un mondo giusto al di fuori del nostro, qualcosa e qualcuno di ancora puro e intero, di non corrotto e non selvaggio, estraneo all’odio e alla paura ; qualcosa di assai mai definibile, una remota possibilità di bene »
                  Ce qui est traduit par :  
    « non pas tant pour son aide matérielle que pour m’avoir constamment rappelé, par sa présence, par sa façon si simple et facile d’être bon, qu’il existait encore, en dehors du nôtre, un monde juste, des choses et des êtres encore purs et intègres que ni la corruption ni la barbarie n’avaient contaminés, qui étaient demeurés étrangers à la haine et à la peur ; quelque chose d’indéfinissable, comme une lointaine possibilité de bonté »
     
  • « I personaggi di queste pagine non sono uomini. La loro umanità è sepolta, o essi stessi l’hanno sepolta, sotto l’offesa subita o inflitta altrui. Le S.S malvage e stolide, i Kapos, i politici, i criminali, i prominenti grandi e piccoli, fino agli Häftlinge indifferenziati e schiavi, tutti i gradini della insana gerarchia voluta dai tedeschi, sono paradossalmente accomunati in una unitaria desolazione interna.
    Ma Lorenzo era un uomo ; la sua umanità era pura e incontaminata, egli era al di fuori di questo mondo di negazione.»


    Ce qui donne, dans la version française de ce témoignage :

    « Les personnages de ce récit ne sont pas des hommes. Leur humanité est morte, ou eux-mêmes l’ont ensevelie sous l’offense subie ou infligée à autrui. Les SS féroces et stupides, les Kapos, les politiques, les criminels, les prominents grands et petits, et jusqu’aux Häftlinge, masse asservie et indifférenciée, tous les échelons de la hiérarchie dénaturée instaurée par les Allemands sont paradoxalement unis par une même désolation intérieure.
    Mais Lorenzo était un homme : son humanité était pure et intacte, il n’appartenait pas à ce monde de négation. »

  • « La memoria è uno strumento curioso : finché sono stato in campo, mi hanno danzato per il capo due versi che ha scritto un mio amico molto tempo fa :

    … infin che un giorno
    senso non avrà più dire: domani.

    Qui è così. Sapete come si dice ‘‘mai’’ nel gergo del campo ? ‘‘Morgen früh’’, domani mattina. »


    Ce qui donne dans le texte français:

    « La mémoire est une bien curieuse mécanique : durant tout mon séjour au camp, ces deux vers qu’un de mes amis a écrits il y a bien longtemps me sont régulièrement revenus à l’esprit :

    ‘‘… infin che un giorno
    senso non avrà più dire : domani.’’
    (… jusqu’à ce qu’un jour
    dire ‘‘demain’’ n’ait plus de sens)

    Ici, c’est exactement comme ça. Savez-vous comment on dit ‘‘jamais’’ dans le langage du camp ? ‘‘Morgen früh’’, demain matin. »


Et vous ? Avez-vous lu ce témoignage ? Qu’en pensez-vous ?

mardi 20 septembre 2011

Ouvrez de Nathalie Sarraute




Auteur: Nathalie Sarraute
Biographie: Nathalie Sarraute est née le 18 juillet 1900, à Ivanovo, en Russie et est morte en 1999, à Paris. Cet écrivain français a passé son enfance à Paris, à Saint-Pétersbourg et en Suisse. Ses premiers textes sont publiés en 1939, dans son livre intitulé Tropismes.

Bibliographie: (elle n’est pas tout à fait complète)

  • 1939 : Tropismes
  • 1949: Portrait d’un inconnu
  • 1956 : L’ère du soupçon
  • 1959 : Le planétarium
  • 1963 : Les fruits d’or
  • 1967 : Le silence suivi de Le mensonge
  • 1972 : Vous les entendez ?
  • 1976 : ‘‘disent les imbéciles’’
  • 1980 : L’usage de la parole
  • 1982 : Pour un oui ou pour un non
  • 1983 : Enfance
  • 1989 : Tu ne t’aimes pas
  • 1995 : Ici
  • 1997 : Ouvrez


Titre: Ouvrez
Maison d'édition et date de publication : Gallimard, collection Folio, 1997

Résumé: (tiré de la quatrième de couverture)
« Des mots, des êtres vivants parfaitement autonomes, sont les protagonistes de chacun de ces drames.
Dès que viennent des mots du dehors, une paroi est dressée. Seuls les mots capables de recevoir convenablement les visiteurs restent de ce côté. Tous les autres s’en vont et sont pour plus de sûreté enfermés derrière la paroi.
Mais la paroi est transparente et les exclus observent à travers elle.
Par moments, ce qu’ils voient leur donne envie d’intervenir, ils n’y tiennent plus, ils appellent… Ouvrez. »

Mon avis: Tandis que je lisais plusieurs livres, Ouvrez a frappé à ma porte, demandant à être relu, demandant à être chroniqué. Et j’ai finalement cédé, d’où cet article.
Si Nathalie Sarraute y présente les mots comme étant des « êtres vivants, parfaitement autonomes », sous sa plume, ils prennent effectivement vie. Le tout dans son style si caractéristique. Les points de suspension sont donc au rendez-vous. C’était là le souvenir qu’il m’en était resté, avant relecture.
Après la description rapide de la trame de l’histoire, qui peut à la fois la résumer et qui met en place les éléments principaux, il n’y en aura plus. Plus que des dialogues, plusieurs dialogues représentant des scènes différentes, où les actions interviennent via les dialogues et les mots-mêmes des protagonistes, que sont justement les mots. Ceux-ci vivent de façon animée. Dans chaque « scène », on peut s’apercevoir que les mots restant de part et d’autre de la paroi changent en fonction des circonstances. Ce qui est à relier aux interlocuteurs, en fonction desquels notre langage peut justement changer. Ainsi, l’auteur installe différentes atmosphères, se modifiant au fil des scènes.
On voit les mots espionner, observer ceux qui sont de l’autre côté de la paroi transparente. On les entend discuter, chercher quelle combinaison former pour obtenir qu’on lui ouvre le passage, qu’elle puisse franchir la dite paroi. Ce qui peut être sous le prétexte d’aller sauver les « autres », de leur porter assistance. On les entend alors également former des hypothèses de conversations si certains mots et expressions venaient à changer de côté. Ce qui nous permet de suivre des considérations sur les mots et expressions, leur portée, ce qu’ils véhiculent, les conséquences potentielles – ou non – de leurs interventions dans une conversation…
Par ailleurs, l’humour est présent dans ce texte, humour qui réside, notamment, dans les chutes des scènes, comme dans le cas de la mésaventure « d’aurevoir », ou celle de « c’est un secret ».
Pour toutes ces raisons, et bien que ce ne soit pas mon œuvre préférée de Nathalie Sarraute, j’ai beaucoup aimé ce roman.

Place aux mots de Nathalie Sarraute

  • « -Une forteresse ? Quelle forteresse ? Vous savez, vous, ce que c’est ?
    - Non…
    - Eh bien moi je sais. J’en ai déjà vu. Ça s’appelle : ‘‘La parole donnée.’’
    - Les pauvres, un beau jour, ils s’y sont laissé prendre. S’ils avaient imaginé où ça pourrait les mener… La réclusion à vie. Des vœux perpétuels.
    - Vous croyez que s’ils avaient su, ils auraient refusé ?
    - Ça m’étonnerait. Personne n’y résiste… Un beau jour, on leur dit : ‘‘Je vais vous le confier, à vous. Mais vous me promettez, jamais un mot à personne… Vous me donnez votre parole ? – Bien sûr, voyons.’’ Et le tour est joué : ils sont pris dans ‘‘La parole donnée’’ ».

  • « Il n’y a pas une minute à perdre, il faut qu’on sorte… tout de suite… C’est vraiment un cas de non-assistance à personne en danger. »

Et vous? Avez vous lu ce livre? Qu'en pensez vous?

jeudi 15 septembre 2011

Comme un roman de Daniel Pennac



Auteur: Daniel Pennac

Biographie: Daniel Pennacchioni est né le 1er décembre 1944 à Casablanca (Maroc). Après avoir obtenu sa maîtrise de lettres à Nice, il enseigne dans un collège de Soisson. Il s’installe ensuite à Belleville, qu’il décrira dans ses romans. Il publie son premier essai en 1973.

Bibliographie:

  • 1973 : Le service militaire au service de qui ?
  • 1982 : Cabot-Caboche
  • 1984 : L’oeil du loup
  • 1992 : Comme un roman
  • 1997 : Messieurs les enfants
  • 2003 : Le dictateur et le hamac
  • 2004 : Merci
  • 2007 : Chagrin d’école


La Saga Malaussène
  • 1985: Au bonheur des ogres
  • 1987 : La fée carabine
  • 1989 : La petite marchande de prose
  • 1995 : Monsieur Malaussène
  • 1996 : Des chrétiens et des maures
  • 1996 : Monsieur Maulaussène au théâtre
  • 1999 : Aux fruits de la passion


Série des Kamos
  • 1992 : Kamo : l’agence Babel
  • L’évasion de Kamo
  • Kamo et moi
  • Kamo : l’idée du siècle


Titre: Comme un roman

Maison d'édition et date de publication: Gallimard, 1992

Résumé: (de la quatrième de couverture)
LES DROITS IMPRESCRIPTIBLES DU LECTEUR
1. Le droit de ne pas lire.
2. Le droit de sauter des pages.
3. Le droit de ne pas finir un livre.
4. Le droit de relire.
5. Le droit de lire n’importe quoi.
6. Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible).
7. Le droit de lire n’importe où.
8. Le droit de grappiller.
9. Le droit de lire à haute voix.
10. Le droit de nous taire.

Mon avis: Un livre dévoré en l’espace de moins de 48 heures, si ce n’était moins de 24. Ce qui en fait l’un des livres que j’ai lu le plus vite. Un livre qui porte très bien son titre. Car s’il s’agit d’un essai sur la lecture, il se laisse pourtant lire, se lit très vite, comme s’il s’agissait d’un roman. Voilà des années après la première lecture ce qu’il m’en reste. Ainsi que le souvenir du verbe lire qui ne supporte pas l’impératif – ce qui est bien vrai ! soit dit en passant – ainsi que celui des droits imprescriptibles du lecteur, que je me fais un plaisir de citer régulièrement, et de relire en diagonale de temps en temps. Et aussi d’abuser de certains, notamment de celui de relire.
Comme tant d’autres passages de ce texte, j’aime particulièrement les quelques lignes d’avertissement placées au début : « On est prié (je vous supplie) de ne pas utiliser ces pages comme instrument de torture pédagogique). » Le ton est dès lors donné. Car oui, lire Daniel Pennac est, parmi d’autres choses, amusant, cet ouvrage comme d’autres du même auteur étant rempli d’humour. Ce même si on ne s’y attendrait pas forcément étant donné le genre.
La relecture s’est avérée au moins aussi rapide que la première lecture. Quelques heures seulement. Une fin d’après-midi. Je trouve donc le livre toujours aussi passionnant qu’au premier jour.
Je réalise maintenant à quel point, comme c’était souvent le cas dans la série des Kamos, de nombreux livres apparaissent, en filigrane ou non, à travers le texte de Pennac.
D’autre part, aussi étrange que cela puisse paraître, la relecture de cet essai m’a donné l’impression, plaisante, de retrouver un vieil ami. Ce vieil ami Kamo, justement. Ainsi que les rédactions ô combien redoutées du père Crastaing. Quand le compte des histoires, quand le compte des pages… Sans compter Cathy, transformée en Natacha.
Cette relecture me donne une envie : citer tous les passages ce livre. Chaque mot, chaque phrase ainsi placée m’enchante. En somme, non seulement le propos me captive, mais le style de Pennac me plait énormément – ce qui n’est, à dire vrai, pas une nouveauté – seulement, je le mesure régulièrement en lisant ou relisant cet auteur. Je pense d’ailleurs que ce livre saura charmer tous les amateurs de Pennac.
Mais, qui mieux que Pennac justement pourrait parler de Pennac ? Il est donc temps de lui laisser la parole, à travers Comme un roman :

- « Le verbe lire ne supporte pas l’impératif. Aversion qu’il partage avec quelques autres : le verbe ‘‘aimer’’… le verbe ‘‘rêver’’…
On peut toujours essayer, bien sûr. Allez-y : ‘‘Aime-moi !’’ ‘‘Rêve !’’ ‘‘Lis !’’ ‘‘Lis ! Mais lis donc, bon sang, je t’ordonne de lire !’’
- Monte dans ta chambre et lis !
Résultat ?
Néant. »

- « En somme, nous lui avons tout appris du livre en ces temps où il ne savait pas lire. Nous l’avons ouvert à l’infinie diversité des choses imaginaires, nous l’avons initié aux joies du voyage vertical, nous l’avons doté de l’ubiquité, délivré de Chronos, plongé dans la solitude fabuleusement peuplée du lecteur… »
- « Si comme on le dit, mon fils, ma fille, les jeunes n’aiment pas lire – et le verbe est juste, c’est bien d’une blessure d’amour qu’il s’agit – il n’en faut incriminer ni la télévision, ni la modernité, ni l’école. Ou tout cela si l’on veut, mais seulement après nous être posé cette question première : qu’avons-nous fait du lecteur idéal qu’il était en ces temps où nous-même jouions tout à la fois le rôle du conteur et du livre ?
L’ampleur de cette trahison !
Nous formions, lui, le récit et nous, une Trinité chaque soir réconciliée »


Et vous? L'avez-vous lu? Qu'en pensez-vous?